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Un nouveau cap dans la politique du gouvernement fédéral pour le Sahel

04.05.2023 - Communiqué de presse

- Communiqué de presse commun du ministère fédéral des Affaires étrangères, du ministère fédéral de la Défense et du ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement -

Le gouvernement fédéral réoriente sa politique du Sahel. Le conseil des ministres fédéral a décidé aujourd’hui de prolonger pour une dernière fois la participation de la Bundeswehr à l’opération MINUSMA. Le gouvernement fédéral approfondira dans le même temps le soutien civil à la région et concentrera son engagement en matière de sécurité sur le Niger, la Mauritanie et les États riverains du Golfe de Guinée.

Le ministre fédéral de la Défense Boris Pistorius a déclaré :

Après la fin possible de la mission EUTM Mali et le retrait prévisible des forces allemandes de la MINUSMA, nous souhaitons néanmoins tout apporter notre contribution en matière de politique militaire et de défense dans la région du Sahel.

L’escalade récente au Soudan nous a montré à quel point l’instabilité d’un pays peut soudainement devenir une menace existentielle pour la vie de nos ressortissants.

Il est important que notre engagement au Sahel continue à encourager et à promouvoir la responsabilité croissante des Africains pour la sécurité et la stabilité sur leur propre continent. Nous n’y parviendrons qu’ensemble, dans un partenariat sur un pied d’égalité ! C’est pourquoi nous ne nous engageons pas seulement dans le cadre des alliances, mais aussi sur le plan bilatéral. Ainsi, nous continuons à former les forces spéciales nigériennes et à partager notre savoir-faire.

La ministre fédérale des Affaires étrangères Annalena Baerbock a déclaré :

Lorsque des États s’effondrent au Sahel, nous en ressentons les secousses ici en Europe aussi. C’est pourquoi nous poursuivrons à l’avenir également notre engagement – tant civil que militaire – pour les femmes et les hommes de cette région. Ils et elles ne sont pas les seuls à être menacés quand les groupes terroristes se multiplient et que des forces russes s’installent dans la région. Que nous le voulions ou non, ce qui se passe au Sahel nous touche également. Nous réorientons donc notre engagement dans la région et nous allons mettre un terme à notre participation à la MINUSMA de façon structurée sur les douze prochains mois. Nous allons renforcer notre coopération avec le Niger, la Mauritanie et les États riverains du Golfe de Guinée. Ensemble, nous voulons empêcher que les crises qui frappent la région s’étendent à ces pays et qu’elles embrasent toute la région.

La ministre fédérale de la Coopération économique et du Développement Svenja Schulze a déclaré :

Ce n’est pas par conviction qu’un grand nombre de personnes au Sahel se rallient à des groupes terroristes, mais parce qu’elles ont besoin de revenus. À cet égard, la politique de développement peut contribuer à priver le terrorisme de son terreau. Nous élargirons notre engagement en matière de politique de développement dans toute la région. Dans ce contexte, en agissant conjointement avec nos partenaires internationaux, nous aurons davantage de succès qu’en faisant cavalier seul. En conséquence, nous sommes prêts à assumer davantage de responsabilité politique au sein de l’Alliance Sahel, l’organe de coordination central des bailleurs de fonds pour la région.

La situation au Sahel a une influence considérable sur la stabilité en Afrique du Nord et en Afrique centrale, mais aussi dans le Golfe de Guinée, et donc aussi, indirectement, sur la sécurité de l’Europe. Les conflits dans la région sont encore aggravés par les conséquences du changement climatique, le tarissement des ressources et la forte croissance démographique. Les récents putschs militaires au Mali et au Burkina Faso ont en outre mis un frein au développement démocratique de ces pays. La situation sécuritaire se détériore dans certains pays du Sahel et la situation humanitaire reste sous tension dans la région.

Dans le contexte de la réorientation de son engagement dans le Sahel, le gouvernement fédéral accordera son attention avant tout aux mesures de stabilisation civiles, au traitement des causes des crises et à une aide humanitaire adaptée aux besoins. L’Allemagne continuera de soutenir militairement des partenaires fiables comme le Niger, tant au niveau bilatéral que dans le cadre de l’UE. Dans le même temps, le gouvernement fédéral entend promouvoir, par exemple dans le cadre de la CEDEAO, les approches régionales qui ont pour objectif que la région assume une plus grande responsabilité dans le domaine de la sécurité. Là où le soutien aux structures centralisées des États ne produit pas d’effets positifs pour la population, que ce soit en raison du caractère autoritaire des régimes en place, de l’influence russe ou des violations des droits humains, l’Allemagne ne retirera pas totalement son engagement civil mais s’appuiera de manière accrue sur une collaboration avec des structures décentralisées ainsi qu’un soutien direct aux populations.

Même s’il est prévu que la Bundeswehr mette un terme à son engagement au sein de la MINUSMA, l’Allemagne continuera d’apporter une contribution militaire et en matière de défense pour répondre aux défis posés par la région du Sahel : terrorisme international, fragilité des États, criminalité organisée.

Guidé par le principe directeur de l’« appropriation africaine », l’engagement au Sahel se veut au service d’un accroissement de la responsabilité propre des Africains pour leur sécurité et leur stabilité. C’est ce que reflète la mission de partenariat militaire de l'UE au Niger, désormais sur les rails. Cette mission est étroitement ajustée aux besoins du Niger et fournit un support aux forces armées nigériennes dans le renforcement de capacités mené sous leur propre responsabilité. L’Allemagne participe ainsi à la mise en place d’un centre de formation technique, à la formation des militaires et à la création d’un bataillon chargé de la communication et de l’appui au commandement. Parallèlement, la Bundeswehr s’engage aussi sur le plan bilatéral : la mission « GAZELLE » de formation des forces spéciales nigériennes s’est achevée avec succès à la fin décembre. La Bundeswehr poursuivra dans cet esprit la formation des forces spéciales nigériennes - à la demande du Niger - dans le cadre de la mission « TORIMA » et garantira ainsi la continuité de son action. La palette d’instruments à disposition pour cette approche en partenariat va cependant bien au-delà des missions de formation. Il faut souligner ici en particulier l’initiative du gouvernement fédéral de promotion et de renforcement des capacités ainsi que les instruments d’aide à l’équipement et d’aide à la formation.

Le ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement mettra l’accent sur la création d’emplois et de places d’apprentissage pour les jeunes – notamment dans la transformation de produits agricoles, dans les métiers du bâtiment ou dans le développement d’infrastructures telle que les pompes à eau. Cela doit mener à la création, avec nos partenaires, d’alternatives aux stratégies de recrutement des groupes extrémistes. Les systèmes de protection sociale doivent aussi aider les plus vulnérables dans la population à mieux faire face à des crises telles que celles provoquées par le changement climatique. Par son initiative « Sahel Plus », c’est la région tout entière que vise le ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement, c’est-à-dire les États du Sahel, mais aussi les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest : Sénégal, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin. Les groupes terroristes de la région, en effet, ne tiennent aucun compte des frontières.

En vue de garantir l’efficacité de son engagement, le gouvernement fédéral mise sur des alliances fortes avec les partenaires sur place et avec des organisations multilatérales. Ce faisant, l’Allemagne entend aussi endosser une responsabilité au plan politique. La ministre fédérale de la Coopération économique et du Développement Svenja Schulze présentera cet été sa candidature à la présidence de l’Alliance Sahel, organe de coordination des 18 principaux pays et organisations bailleurs de fonds.

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