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Pourquoi le calme ne revient pas au Liban

Depuis le weekend, des dizaines de milliers de Libanaises et de Libanais manifestent contre leur gouvernement

Depuis le weekend, des dizaines de milliers de Libanaises et de Libanais manifestent contre leur gouvernement, © picture alliance / Photoshot

12.08.2020 - Article

Une semaine après les explosions à Beyrouth, les Libanaises et les Libanais manifestent contre leur gouvernement, qui a désormais démissionné. Quelles sont les revendications des manifestantes et des manifestants, et dans quels domaines l’Allemagne s’engage-t-elle ?

Suite à la terrible catastrophe qui a ravagé Beyrouth, le port et les quartiers résidentiels environnants sont sous les décombres, 300 000 personnes sont sans abri. Depuis le weekend, des dizaines de milliers de Libanaises et de Libanais manifestent contre leur gouvernement. Ce n’est pas nouveau : de grandes manifestations s’étaient déjà déroulées à l’automne dernier et au printemps 2020, visant les dirigeants politiques.

Transparence et éclaircissements

Les manifestants revendiquent principalement que toute la lumière soit faite sur les évènements ayant trait à la catastrophe. Les faits suscitent de nombreuses questions, qu’il faut éclaircir rapidement et en toute transparence. Les habitants de Beyrouth ont le droit de connaître les circonstances de ce drame. La population ne retrouvera confiance en son gouvernement que s’il fait face à ses responsabilités, agit avec transparence et rend des comptes.

Réformes économiques

Le Liban est enlisé dans la pire crise économique de son histoire : le cours de la monnaie nationale est en chute libre. La population ne sait plus comment payer son loyer ni acheter de quoi manger. De plus, le pays était récemment aux prises avec la pandémie de coronavirus, ce qui n’a fait qu’aggraver la misère économique.

C’est pourquoi des réformes approfondies du secteur économique et financier sont à entreprendre d’urgence. Ceci requiert notamment de se montrer transparent face au Fonds monétaire international, par exemple concernant le montant réel des pertes du système financier libanais. Du point de vue du gouvernement fédéral, il s’agit là aussi d’une condition indispensable pour toute nouvelle aide économique et financière internationale essentielle.

Une politique au service de la population

La corruption fait partie du quotidien au Liban, l’État offre très peu de soutien. Une infrastructure de santé publique efficace et des transports publics font tout autant défaut. À Beyrouth, le réseau électrique public ne fournit que quelques heures de courant par jour. Pour avoir de l’électricité toute la journée, il faut s’équiper d’un groupe électrogène. Les manifestants exigent de la part des responsables politiques des mesures strictes contre la corruption et la prise en compte des besoins de l’ensemble de la population.

Réforme du système politique

Ils demandent également une réforme du confessionnalisme. Ce système proportionnel prévoit que les plus hautes charges de l’État soient distribuées suivant l’appartenance aux groupes confessionnels – le président est toujours un chrétien, le président du parlement un chiite, le premier ministre un sunnite. Un grand nombre de Libanaises et de Libanais estiment que ce système est exploité par certains afin d’avantager les membres de leur propre groupe. L’objectif de prendre en compte les membres de tous les groupes est juste et sensé. La situation au Liban a cependant évolué depuis la fin de la guerre civile au début des années 1990. C’est pourquoi il incombe aux Libanaises et aux Libanais de trouver un système qui rende justice à la composition de la société du pays sans encourager la mauvaise gestion et la corruption.

Le ministre fédéral des Affaires étrangères, M. Heiko Maas, s’est exprimé à ce sujet avant la visioconférence des donateurs :

Sans les réformes, qui sont urgemment nécessaires, ni le changement durable, ni la stabilité ne sont possibles. C’est exactement cela que le peuple libanais a raison d’exiger : il faut surmonter les particularismes et les anciens clivages, et donner la priorité aux intérêts de l’ensemble de la population.

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