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Unis face à la guerre de Vladimir Poutine en Ukraine : quelles sont les sanctions en vigueur ?

Des trains de marchandises dans la gare de triage de Munich-Nord. Après l’attaque de la Russie contre l’Ukraine, les pays occidentaux ont édicté de nombreuses sanctions

Des trains de marchandises dans la gare de triage de Munich-Nord. Après l’attaque de la Russie contre l’Ukraine, les pays occidentaux ont édicté de nombreuses sanctions ; l’UE a notamment interdit les exportations de biens, de technologies et de services à destination de l’industrie aérospatiale, © Picture alliance/dpa

06.06.2022 - Article

Le 24 février, la Russie a attaqué l’Ukraine, enfreignant le droit international. Dans le cadre d’une concertation étroite avec ses partenaires, l’Union européenne a d’ores et déjà édicté cinq séries de sanctions massives. Que contiennent ces sanctions ? Et comment fonctionnent-elles ?

Sur ordre du Président Poutine, l’armée russe a attaqué l’Ukraine le 24 février dernier. Dans le cadre des efforts diplomatiques qu’elle a déployés pour empêcher une escalade, l’Allemagne avait régulièrement signalé, aux côtés de ses partenaires internationaux, qu’une décision de la sorte conduirait à l’application de sanctions économiques et financières massives. L’Allemagne a réagi à cette guerre contraire au droit international en prononçant avec ses partenaires des sanctions qui ont déjà été renforcées à plusieurs reprises. L’aggravation de ces sanctions résulte des atrocités commises par l’armée russe en Ukraine et du nombre élevé de victimes civiles. La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock a déclaré le 17 mai 2022 :

Les sanctions que nous avons mises en place conjointement (...) touchent les dirigeants du Kremlin en vue d’affaiblir davantage cette guerre d’agression contraire au droit international et de signaler que nous ne tolérons en aucun cas cette violation des règles internationales.

Que contiennent les sanctions ?

En réaction à l’attaque de l’Ukraine par la Russie et à la reconnaissance des soi-disant « républiques populaires » dans l’est de l’Ukraine, contraires au droit international, et face aux atrocités commises au cours de cette agression, l’UE a pour l’instant imposé six larges trains de sanctions, en étroite concertation avec ses partenaires du G7. De nombreux autres pays en Europe et ailleurs se sont joints à cette décision.

Engager la responsabilité des dirigeants russes

Parce qu’ils ont pris la décision d’envahir l’Ukraine, le gouvernement russe du Président Poutine et les décideurs centraux de l’appareil du pouvoir russe sont frappés par des sanctions ciblées. Ils figurent sur une liste de sanctions en compagnie de responsables bélarussiens qui ont largement épaulé l’attaque russe en violation du droit international. Cette liste comporte près de 1 000 personnes, en commençant par le Président Poutine et ses filles ainsi que le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, mais aussi des membres du Conseil de sécurité russe, des militaires haut placés et des députés de la Douma, ainsi que d’importants oligarques russes qui soutiennent économiquement Vladimir Poutine et son entourage. Y figurent également des officiers qui ont participé à des crimes de guerre à Boutcha. Les avoirs des personnes sanctionnées dans l’UE sont gelés et il est interdit de faire du commerce avec elles. Par ailleurs, une interdiction d’entrer sur le territoire de l’UE s’applique dans la plupart des cas. Des accords visant à faciliter la délivrance de visas pour les délégations, membres du parlement, diplomates ou hommes d’affaires russes ont en outre été suspendus.

L’UE agit également contre la campagne russe de désinformation, et a ainsi imposé sur son territoire une interdiction de diffusion à plusieurs chaînes de télévision étatiques russes, notamment RT, Rossiya RTR et Sputnik. Les entreprises européennes n’ont par ailleurs pas le droit de faire leur publicité sur ces chaînes.

Faire barrage au financement de la guerre et du régime

Des sanctions financières d’envergure coupent l’État russe de ses réserves en Europe ainsi que du marché financier européen. Outre l’interdiction imposée à la banque centrale russe de faire des transactions, la Russie n’a désormais plus le droit de lever de nouvelles dettes sur le marché européen des capitaux, de même qu’il est interdit d’accorder des crédits et des prêts à l’État russe. Certaines banques russes et bélarussiennes ont vu leurs avoirs gelés et il est désormais interdit de procéder à des transactions avec elles. Elles ont également été exclues de manière ciblée du système de paiement international SWIFT. Les entreprises étatiques russes ne peuvent plus non plus émettre de titres sur les bourses européennes. Des restrictions de refinancement allant encore plus loin sont prises à l’égard de plusieurs entreprises et banques russes, conduisant à leur exclusion complète du marché européen des capitaux. L’accès à ce dernier est en outre désormais extrêmement limité pour les investisseurs russes. Étant donné le soutien actif du Bélarus à l’invasion russe, ces sanctions financières s’appliquent aussi au Bélarus depuis le 9 mars.

Les revenus de l’État russe ont été en outre limités par de larges interdictions d’importer adoptées par l’UE en mars et en avril. Celles-ci concernent entre autres les produits sidérurgiques, le ciment, le verre, le bois et l’alcool. Il a été également décidé d’un embargo sur le pétrole et les produits pétroliers russes, à l’exception des importations via les oléoducs, ainsi que sur le charbon russe, qui entrera en vigueur après des périodes de transition. Il est désormais également interdit de faciliter, de financer, d’assurer et de soutenir sur le plan technique le transport de pétrole brut russe dans des pays tiers. Ces interdictions portent sur des importations annuelles d’une valeur totale d’environ 65 milliards d’euros. D’autres mesures viennent alourdir ces interdictions dans le secteur des transports : une interdiction de donner accès aux ports de l’UE a été prononcée contre les navires sous pavillon russe, avec certaines dérogations pour les biens de première nécessité. Les camions russes et bélarussiens ne sont plus autorisés sur le réseau routier européen.

Les entreprises russes ne peuvent plus répondre aux appels d’offres au sein de l’Union européenne. Avec ses partenaires, l’UE a aussi suspendu pour la Russie le traitement fondé sur la « clause de la nation la plus favorisée » de l’OMC, ce qui ouvre la porte à des augmentations des droits de douanes sur les importations en provenance de Russie.

Toutes ces mesures n’ont qu’un objectif : faire grimper les coûts de financement de la guerre. Les sanctions prises sont particulièrement efficaces dans la mesure où elles sont infligées par tous les pays du G7. De cette manière, il est impossible pour la Russie de se rabattre sur d’autres marchés majeurs. À cet effet, il était très important que la Suisse se rallie également aux sanctions. Dans le même temps, les pays qui participent aux sanctions veillent à ce que la population civile russe ne soit pas directement ciblée. Malgré des sanctions financières et économiques considérables, des exceptions humanitaires sont donc possibles ; cela vaut par exemple pour l’interdiction des vols.

Empêcher l’accès au savoir-faire et aux produits occidentaux

Pour sa production courante mais aussi et surtout pour sa modernisation, l’industrie russe est tributaire des technologies et des produits occidentaux. En réaction à l’agression russe, leur exportation vers la Russie est désormais largement interdite. C’est par exemple le cas des micropuces et des technologies de navigation maritime, mais aussi de certains logiciels, d’équipements pour le secteur du pétrole et du gaz, pour la construction d’installations de gaz naturel liquéfié, des biens intermédiaires et des machines de différents secteurs et de l’aéronautique, notamment des avions. Une interdiction d’exportation est aussi en vigueur pour le kérosène et certains produits chimiques nécessaires à la fabrication de carburants. Une vaste interdiction d’investissements s’applique aussi désormais dans le secteur de l’énergie russe. Tous les biens à double usage, c’est-à-dire les biens pouvant être utilisés aussi bien civilement que militairement, sont en outre interdits d’exportation. Cette interdiction vaut également pour toute une série d’entreprises bélarussiennes. Le gouvernement et les entreprises russes n’ont désormais plus accès non plus à une expertise européenne dans le domaine des services économiques tels que les audits ou les conseils en gestion.

Comme les autres États du G7 ont mis en place des mesures d’interdiction équivalentes, la Russie n’a plus accès à des marchés alternatifs pour se procurer ce type de produits.

En savoir plus

Aperçu des sanctions de l’UE

Conclusions du Conseil européen

Journal officiel de l’Union européenne

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