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Sinjar après la terreur de l’EI : comment le ministère fédéral des Affaires étrangères soutient‑il les yézidis en Iraq ?
Les yézidis en Iraq ont été massivement persécutés sous le règne de la terreur de l’État islamique (EI), © Iason Athanasiadis / BCAH
Les terroristes de l’EI ont laissé derrière eux des scènes de dévastation absolue en Iraq. Les yézidis ont énormément souffert sous leur règne ; des centaines de milliers sont encore logés dans des camps de réfugiés dans le nord de l’Iraq. Que faire pour les aider à vivre en liberté et en sécurité ?
Villes et villages détruits, champs de mines et sources d’eau empoisonnées : voilà ce que l’organisation terroriste EI a laissé derrière son passage. La population yézidie a particulièrement souffert sous ce régime de la terreur.
Aux côtés de ses partenaires internationaux, des Nations Unies et du gouvernement iraquien, le gouvernement fédéral s’efforce d’améliorer sur place les conditions de vie des yézidis et d’autres minorités en Iraq. Par le biais de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), une organisation partenaire, le ministère fédéral des Affaires étrangères aide les yézidis qui ont survécu aux atrocités de l’EI à faire valoir leurs droits à l’indemnisation auxquels ils peuvent prétendre au titre de la Loi sur les survivants yézidis. Grâce à cette dernière, ils peuvent déposer depuis début octobre 2022 une demande d’indemnisation en Iraq. La diaspora installée en Allemagne devrait également pouvoir faire de même prochainement.
Permettre aux yézidis de retourner dans leur ville d’origine
Le ministère fédéral des Affaires étrangères appuie les efforts de l’État iraquien pour permettre aux yézidis qui ont été déplacés de retourner dans leur ville d’origine et leur y offrir des perspectives d’avenir. C’est dans ce contexte qu’interviennent par exemple le mécanisme de financement pour la stabilisation de l’Iraq initié par l’Allemagne ainsi que le crédit de 500 millions d’euros octroyé à l’Iraq par le gouvernement fédéral. Quels en sont l’objectif et la finalité ? Cet argent servira entre autres à rétablir l’approvisionnement en électricité et à réparer ou reconstruire les routes, les canalisations d’eaux usées, les écoles et les jardins d’enfants. Des acteurs étatiques iraquiens à l’échelle provinciale seront également associés à la planification et à la mise en œuvre de ces projets.
Pour une vie en liberté, en sécurité et en dignité
Le projet de l’OIM « Community Policing » financé par le ministère fédéral des Affaires étrangères est lui aussi réalisé dans de nombreux endroits de la province de Ninive, y compris à Sinjar. Grâce à un appui allemand, ce projet rassemble des représentants communaux et des services de sécurité afin de discuter des problèmes urgents et de trouver des solutions, le but étant de rétablir la confiance de la population dans les forces de sécurité.
Dans de nombreux endroits, le retour de la population et la reconstruction ne seront possibles qu’une fois les mines et les pièges neutralisés. L’EI a laissé derrière son passage des villes lourdement contaminées et a délibérément utilisé des mines pour entraver le retour de la population civile déplacée et aggraver davantage la situation sécuritaire. Par l’intermédiaire du Service de la lutte antimines (UNMAS), le ministère fédéral des Affaires étrangères contribue au déminage de l’ensemble du pays et explicitement dans la région de Sinjar. De cette façon, les bâtiments abandonnés et minés par l’EI sont de nouveau rendus habitables et peuvent offrir un toit sûr aux Iraquiennes et aux Iraquiens. Afin que la population iraquienne puisse à l’avenir s’aider elle‑même, ce projet forme également la population locale qui est ensuite intégrée dans les équipes de déminage. À Sinjar, des équipes de déminage de différents sexes et religions se sont ainsi formées dans le cadre des modules de formation.
Ce projet à l’initiative de l’Allemagne a notamment permis à près de cinq millions de déplacés internes de retourner dans leur région d’origine depuis 2014.
Comment gérer les traumatismes vécus ?
Il est primordial que les Iraquiennes et Iraquiens déplacés à l’intérieur de leur pays, dont de nombreux yézidis, puissent surmonter leurs traumatismes. Aussi le ministère fédéral des Affaires étrangères soutient‑il la prise en charge psychosociale des victimes, notamment par le biais de la fondation Jiyan dans la région de Dohuk. Par ailleurs, grâce au soutien du Land de Bade‑Wurtemberg, l’université de cette région iraquienne est la première dans le pays à offrir une filière de formation pour des thérapeutes spécialisés dans les traumatismes. Le gouvernement fédéral accorde en outre une attention particulière aux enfants nés de femmes yézidies suite aux viols qu’elles ont subis pendant leur captivité sous l’EI. L’Allemagne cherche à intégrer ces enfants dans la communauté yézidie. Elle aide également les personnes concernées à surmonter leurs traumatismes et met en place des programmes d’accueil.
Traitement pénal des crimes perpétrés par l’EI
Étant donné son histoire, l’Allemagne se voit investie d’une responsabilité particulière en ce qui concerne l’élucidation de crimes graves contre l’humanité ; à cet égard, elle contribue à la documentation et au traitement juridique des atrocités commises par l’EI. La responsabilité est une condition sine qua non de la justice et d’une paix durable dans la région d’origine de la communauté yézidie dans la province de Ninive et à Sinjar. Le ministère fédéral des Affaires étrangères promeut le travail de l’Équipe d’enquêteurs de l’Organisation des Nations Unies pour la promotion de la responsabilité pour les crimes commis par Daesh / État islamique en Iraq et au Levant (UNITAD) et d’autres organisations partenaires internationales pour collecter des éléments de preuves, exhumer des fosses communes et rechercher des personnes disparues.
Une aide aux personnes déplacées et aux communes les accueillant
1,2 million de personnes en Iraq sont toujours déplacées à l’intérieur du pays, dont de nombreux yézidis. Le ministère fédéral des Affaires étrangères fournit de l’aide humanitaire à l’Iraq afin d’aider ces personnes ainsi que les communes iraquiennes ayant accueilli des réfugiés. Ce faisant, il coopère avec des organisations internationales telles que le Haut‑Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l’OIM ainsi qu’avec le Mouvement international de la Croix‑Rouge et du Croissant‑Rouge. À titre d’exemple, la Croix‑Rouge fournit pour le compte du ministère fédéral des Affaires étrangères de l’argent liquide aux déplacés internes, aux réfugiés et aux Iraquiennes et Iraquiens retournant dans leur pays, notamment dans la province de Ninive et à Sinjar. Le critère décisif pour la mise en place d’une aide est l’existence d’un besoin humanitaire.