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L’accord du Vendredi saint (accord de Belfast) qui a ramené la paix sur l’île d’Irlande célèbre ses 25 ans

Pour la première fois de l’histoire de cette région secouée par les conflits s’est formé à Belfast un gouvernement régional réunissant les partis protestants et catholiques. Le 2 décembre 1999, des élèves et des militants pour la paix lancèrent quelques colombes devant le château de Stormont à Belfast pour symboliser l’établissement de la paix en Irlande du Nord, © epa_pa
Le 10 avril 1998, huit partis d’Irlande du Nord, le Royaume-Uni ainsi que l’Irlande conclurent l’accord du Vendredi saint (ou accord de Belfast) mettant fin à des dizaines d’années de conflit dans la région. Pourquoi s’agit-il en fait de deux accords ? Quels en sont les détails ?

94,39 %. C’est par cette majorité écrasante de près d’1,5 millions de voix pour le « Oui » que la population d’Irlande du Nord a adopté le 22 mai 1998 l’accord du Vendredi saint (accord de Belfast) signé il y a 25 ans, le 10 avril 1998. Aux côtés des Irlandaises et des Irlandais qui se prononcèrent également à une large majorité pour cet accord, les habitantes et habitants de l’île d’Irlande exprimèrent clairement leur volonté il y a 25 ans : oui à la paix, oui à la réconciliation et non aux « Troubles » (« Na Trioblóidí » en irlandais), le nom donné au conflit armé en Irlande du Nord qui opposa dans la deuxième moitié du siècle dernier les « républicains », principalement catholiques et favorables à un rattachement à la République d’Irlande, aux « unionistes » ou « loyalistes », principalement protestants et qui souhaitaient demeurer au sein du Royaume-Uni.
Ce conflit entamé dans la seconde moitié des années 1960 et dont les origines remontent à l’époque de la colonisation de l’île d’Irlande par les Britanniques a coûté la vie à plus de 3 500 personnes et séparé des familles, des amis ainsi que des voisins autour de ces clivages.
L’accord, qui est en fait constitué de deux traités, mit finalement un terme à la violence en 1998.

Le premier traité réglemente les relations intérieures et extérieures de l’Irlande du Nord en se fondant sur trois piliers : l’Irlande, le Royaume-Uni et huit partis d’Irlande du Nord s’accordèrent tout d’abord sur la forme du gouvernement (éléments centraux du premier pilier : création de l’Assemblée d’Irlande du Nord ainsi que de l’Exécutif composé de représentantes et représentants des unionistes et des républicains). Les relations avec la République d’Irlande furent en outre formalisées par des arrangements concernant la coopération transfrontalière et la création d’un conseil des ministres Nord/Sud (deuxième pilier). Le troisième pilier concernait les relations entre l’Irlande et le Royaume-Uni et il fut également décidé ici de développer la coopération bilatérale.
Ces termes ont été complétés par un second traité conclu entre le Royaume-Uni et l’Irlande. Cette dernière y reconnaît que l’Irlande du Nord fait partie du Royaume-Uni. Le traité prévoit toutefois également la possibilité d’un référendum visant une unification si cela correspond à la volonté de la population. Afin de réduire et non d’accroître à l’avenir les conflits en termes d’identité, l’accord leur laisse le choix : le jus soli permet aux habitantes et habitants d’Irlande du Nord de décider librement s’ils souhaitent adopter la nationalité britannique, irlandaise ou les deux.
25 ans après sa signature, l’accord du Vendredi saint (ou encore l’accord de Belfast) n’a aucunement perdu en importance. Il reste le garant de la paix et de la prospérité sur l’île d’Irlande.