Rares sont les endroits où le secrétaire général de l’OTAN, des défenseuses des droits des femmes ouest‑africaines et des chefs d’entreprise d’Asie du Sud‑Est peuvent se retrouver dans le même ascenseur d’hôtel et où, parallèlement, des ministres des Affaires étrangères discutent de manière confidentielle, loin des caméras, des progrès réalisés au Proche‑Orient. La Conférence de Munich sur la sécurité (MSC) est un tel endroit.

Avec plus de 700 participants, environ 50 chefs d’État et de gouvernement, quelque 150 ministres ainsi que d’innombrables représentants d’ONG, de groupes de réflexion et d’entreprises, la Conférence de Munich sur la sécurité est l’une des rencontres les plus importantes pour le dialogue international sur la politique de sécurité. Chaque année, l’hôtel « Bayerischer Hof » de Munich et ses alentours offrent une plateforme d’échange unique afin que des représentants de haut niveau issus des milieux politique et économique ainsi que d’organisations internationales discutent des défis actuels en matière de politique étrangère et de sécurité.

Le « speed dating » de la diplomatie

Outre certains rendez‑vous essentiels à forte visibilité tels que des discours et des panels, la MSC est avant tout une sorte de « speed dating  » de la diplomatie. Rares sont les rendez‑vous de ce type qui offrent aux participants la possibilité de s’entretenir en si peu de temps avec autant d’homologues, la société civile et des professionnels en matière de politique de sécurité, y compris de manière informelle dans les couloirs bien remplis de l’hôtel. Cette année, les efforts de paix pour mettre fin à la guerre d’agression russe contre l’Ukraine menée en violation du droit international, la situation au Proche‑Orient, les relations transatlantiques, la coopération avec la nouvelle administration américaine ainsi que le renforcement de l’OTAN face aux défis actuels en Europe et dans le monde seront au cœur des discussions.

La ministre fédérale des Affaires étrangères Annalena Baerbock a déclaré :

Parmi les rendez‑vous de la cheffe de la diplomatie allemande se trouve également la traditionnelle rencontre avec une importante délégation du congrès américain, l’occasion parfaite, en particulier après la prise de fonctions de la nouvelle administration américaine, de consolider les relations étroites entre l’Allemagne et les États‑Unis et de maintenir le dialogue. En outre, la ministre Baerbock décernera avec son homologue polonais Radosław Sikorski le Prix germano‑polonais à l’ancienne présidente du Bundestag Rita Süssmuth afin d’honorer la carrière de cette dernière. Ce prix trouve ses origines dans le traité de voisinage germano‑polonais du 17 juin 1991. Comme à l’accoutumée, une réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 se tiendra en marge de la MSC. À l’invitation du Canada, qui a pris la présidence du Groupe des Sept en 2025, c’est la première fois qu’ils se réuniront cette année.

À cela s’ajoutent divers formats d’échanges formels et informels bilatéraux ainsi que multilatéraux, comme une réunion tenue à l’invitation de la ministre Baerbock sur des approches possibles de la diplomatie féministe pour les habitants en Syrie. Lors d’un panel intitulé «  Europole? The Old Continent’s New Geopolitical Role », la ministre échangera avec ses homologues britannique, français et polonais sur la manière dont l’Europe devrait réagir face à un monde en mutation dans le contexte des conflits actuels.

« Multipolarisation » : l’ordre mondial en mutation

La « Multipolarisation » est le leitmotiv de la Conférence de Munich sur la sécurité 2025. C’est d’ailleurs le titre du rapport de l’édition de cette année de la MSC. Selon les auteurs du rapport, le nombre d’acteurs jouant aujourd’hui un rôle essentiel dans l’ordre international n’a jamais été aussi élevé en raison des rééquilibrages mondiaux. Le rapport indique également que même si le monde n’est pas encore multipolaire, nous vivons d’ores et déjà dans un monde en voie de « multipolarisation ». Cette thèse sera un thème récurrent lors de nombreuses tables rondes de la MSC et se reflète également dans l’éventail des pays invités et des perspectives représentées.